Deux années ont passé depuis la première Pride des Banlieues, deux années marquées par une crise sanitaire et sociale aux conséquences effroyables. Deux années plus qu’éprouvantes pour nous les queers, les habitant·es de quartiers populaires, les racisé.es, les précaires, les sans-papier·es, les exilé·es, les handi·es, les neuro-atypiques, les personnes séropositives, les travailleur·euses du sexe, les personnes trans, les non-binaires, celleux dont les identités et expressions sont jugées non conformes. Deux années durant lesquelles nous avons pleuré nombre de disparitions au sein de nos communautés.
Les élections présidentielles ont laissé place à un débat public toujours plus détourné et corrompu, animé par des LGBTQIA+phobies, une islamophobie et un racisme grimpants. Tous les jours, à la télé, à la radio, nous sommes pointé·es du doigt, insulté·es. Nos droits sont niés, notre dignité est bafouée. Pendant que nous sommes considéré·es comme des monstres, des délinquant·es ou encore des terroristes, l’inaction politique concernant les situations d'urgence que nous subissons demeure. La précarité que nous avons toujours vécue se trouve renforcée par une gestion entrepreneuriale de la crise, par un gouvernement démissionnaire qui nous fait comprendre chaque jour son manque d’intérêt pour nos vies.
Nous sommes confronté·es au mal-logement qui concerne près d’une personne sur seize, à la saturation des aides alimentaires, à un accès toujours plus difficile à la préfecture ou aux administrations publiques et à l’intensification des répressions policières qui constituent notre quotidien depuis toujours. En tant que queers, que personnes racisé·es, une peur existe à chaque fois que l’on veut se faire soigner, celle que les professionnel·les de santé ne soit pas formé·es à prendre en charge nos situations. Une peur à chaque fois que nous nous retrouvons à un guichet : “vais-je être pris·e en charge correctement ou va-t-on me négliger à cause de mon (ou mes) identité·s ?”.
Parmi toutes ces injustices, cette année, nous nous devons d’insister sur l’application stricte du droit fondamental à l’habitat décent. En Seine-Saint-Denis, les services d'hébergement d’urgence sont systématiquement saturés. 71 011 demandes d’hébergement exprimées n’ont pas été pourvues sur l’ensemble de l’année, laissant 9 653 des personnes à la rue, sans assistance. Nous, queers de quartiers populaires, sommes sureprésenté·es parmi ces sans-abri·es. En effet, il est fréquent que, suite à des violences, qu'elles soient physiques, psychologiques ou économiques, nous soyons exclu·es de nos foyers sans avoir de solution d'hébergement. Pourtant, aucun dispositif d'accueil n'est à ce jour à la hauteur de nos besoins.
L’urgence ne peut plus attendre ! Personne ne se battra pour nous si nous, LGBTQIA+ de quartiers populaires, ne menons pas le combat par nous-même. Si nos allié·es ne nous soutiennent pas ! Notre conviction est la suivante : les réponses qui permettront de nous rendre notre dignité sont universelles. Nos luttes vont profiter à nombre de nos adelphes. Comme le disait Anna Julia Cooper, illustre militante afroféministe : ”When they enter, we all enter”, cela signifie que nous ouvrir la porte, c'est l’ouvrir à tout le monde !
Soyons immensément nombreux·ses le 4 juin 2022 à 14h à la Place René Dumont à Saint-Denis pour faire entendre notre rage. Pour faire front avec nos sœurs, nos frères, nos adelphes. Pour faire valoir nos droits. Unissons-nous sous la bannière de la célébration des individus et des communautés ! Unissons-nous pour combattre l’exclusion ! Bâtissons ensemble une société dans laquelle la dignité humaine est inconditionnelle !
La création d’un centre de santé communautaire en Seine-Saint-Denis.
La création d’un centre LGBTQI+ en Seine-Saint-Denis.
Le renforcement des dispositifs d’accompagnements locaux des exilé·es et création de dispositifs d’accompagnements spécifiques aux exilé·es LGBTQI+.
La formation de tous les agent·es de service public du territoire à l’accueil et l’accompagnement de publics LGBTQI+.
La mise en œuvre d’interventions de sensibilisation sur les LGBTQI+phobies basées sur l’éducation populaire à destination de toutes les générations de collégien·nes de Seine-Saint-Denis.
La création d’un centre local de distribution de ressources par commune de Seine-Saint-Denis. Ces centres auront pour objectif de distribuer les ressources nécessaires pour que chacun·e puisse jouir d’une vie digne (alimentation, eau potable, produits d'hygiène, vêtements, matériel informatique...).
La fin des logements insalubres et énergivores.
La fin de l’utilisation des luttes LGBT+ pour stigmatiser les habitant·es de quartiers populaires.
Combattre les LGBTQI+phobies, sous toutes leurs formes et objets, en prenant en compte les processus de minorisation, qu’ils relèvent de l’assignation raciale, de la classe sociale, de la situation administrative, de l’appartenance communautaire ou toute autre catégorie sociale.
Promouvoir une meilleure visibilité des personnes LGBTQI+, particulièrement celles vivant dans les quartiers populaires.
Lutter contre la gentrification des banlieues populaires, la précarisation et l’ostracisation toujours plus prononcées de leurs habitant·es.
Lutter contre la sérophobie.
Un meilleur accès aux soins et aux préventions des IST (Infections sexuellement transmissibles) pour les populations précaires.
La facilitation des procédures de changement de prénom, la démédicalisation et la déjudiciarisation des procédures de changement d’état civil pour les personnes trans.
L’abolition de la mention du “sexe” sur la carte d’identité et la limitation au maximum de la mention inutile de “sexe” comme catégorie administrative.
Défendre l'ouverture de la PMA (Procréation Médicalement Assistée), aux personnes trans, intersexes et non-binaires
La reconnaissance juridique par l'État des enfants nés de GPA (Gestation Pour Autrui).
L’ouverture du débat sur la GPA.
L’interdiction des mutilations des personnes intersexes.
Lutter contre la stigmatisation des quartiers populaires et de leurs habitant·es.
Lutter contre toute récupération des luttes LGBTQI+ à des fins racistes et classistes.
Faire accorder le droit d'asile à toutes les personnes LGBTQI+, régulariser le séjour de tous·tes les sans-papiers et garantir un accueil digne et décent pour tous·tes.
Lutter contre la putophobie par l’application du droit commun aux travailleur·euses du sexe et donc par l’abrogation du délit de racolage public, l’abrogation des infractions de proxénétisme, ainsi que celles des ordonnances de 1960 qualifiant les prostitué·es d’inadapté·es social·es.
Lutter contre l’utilisation des luttes LGBTQI+ à des fins commerciales.
Aux luttes féministes contre les violences sexistes et sexuelles, économiques, psychologiques, verbales et physiques faites aux femmes.
Aux luttes antiracistes et contre les violences policières.
Aux luttes contre la précarité et pour une vie digne de chacun·e.
Aux luttes anti-validistes et pour une société accessible par et pour tous et toutes.
Aux luttes des personnes exilé·es et des sans-papiers pour un accès égal aux droits.
Aux luttes environnementalistes pour une action politique d’ampleur contre le changement climatique et pour le respect de notre environnement.
Aux luttes pour l’accès à un service public de qualité pour toutes et tous.
Aux luttes pour le respect de nos libertés individuelles.
Aux luttes contre la psychophobie, la stigmatisation, l’exclusion sociale et symbolique des personnes neuroatypiques
Aux luttes contre l’audisme, la stigmatisation, l’exclusion sociale et symbolique des personnes sourdes
Aux luttes contre la grossophobie, la stigmatisation et l’exclusion sociale et symbolique des personnes grosses
Aux luttes contre les discriminations sous base d'une appartenance religieuse réelle ou supposée, contre l'islamophobie et l'antisémitisme.